lundi 6 mars 2017

Dumont reviens !

tournant : les races locales sont réhabilitées avec Fine,
race pie-noire bretonne
Qui sait inventer l’agriculture de demain ?

et qui sait en parler ?

René Dumont, né le 13 mars 1904 à Cambrai, et mort le 18 juin 2001 à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) était Ingénieur agronome, connu pour son combat pour le développement rural des pays pauvres et son engagement écologiste. Il est le premier candidat à s'être présenté sous l'étiquette écologiste à une élection présidentielle française, en 1974. C'est un auteur prolifique avec près de 70 ouvrages dont L'Afrique noire est mal partie en 1962 et L'Utopie ou la mort ! en 1973.

le programme Fillon

Je me souviens avec Antoine Blanc le Directeur de l’Agriculture à Montauban, c’était donc en 1974, être aller écouter le tribun de l’agriculture française, et d’une alimentation naturelle pour une planète qui voit se développer l’humanité à grande vitesse : comment nourrir tout ce monde ? comment mobiliser assez d’eau potable et d’eau d’irrigation pour les terres émergées ? réduire les famines, tout en développant une utilisation durable d’une planète forcée de toutes part à produire davantage qu’elle le peut naturellement ? (c’est pareil ou pire pour absorber les excès de pollution, qu’ils envahissent les mers, ou les eaux sous forme de particules de plastique ; de molécules de pesticides, antibiotiques ou métaux lourds.

Le salon de l’agriculture se termine, en pleine campagne des Présidentielles. Qui porte le projet d’avenir pour les agricultures française ; européenne et mondiale ?

pas facile de se faire une religion

J’achète comme tous les ans « le bilan du Monde édition 2017 » : 217 pages format A3 ! Autrefois, il y avait un mot sur l’agriculture, facteur clé pour expliquer comment nourrir la planète ! Cette fois-ci, rien ! Le pétrole fossile ne voit pas ses ressources augmenter extraordinairement, or, je trouve davantage encore dans mon supermarché des fraises hors-saison qui viennent d’autres pays à grand coups de transports aériens. Les produits importés paraissent toujours augmenter dans les rayons. L’accord avec le Canada va renforcer (si notre Nation l’adopte) de nouvelles denrées fabriquées industriellement, au grand dam d’une préférence communautaire jetée aux oubliettes depuis des lustres.
le programme Macron 
quand on pense qu'il existait "la préférence communautaire" !

Nous voulions autrefois une agriculture paysanne, nombreuse, et productive à la fois : cela a été longtemps la politique agricole bretonne, fondée sur la coopération unissant les fermes familiales dans des ensembles capables de lutter contre les concurrents industriels au niveau mondial. Cette politique est grignotée en permanence, nous ne comptons plus aujourd’hui que 300.000 exploitations, qui disparaissent toujours davantage, dans un ensemble rural désertifié par les vétérinaires ; les médecins ruraux ; les commerces et services. Qu’est donc devenue la politique du monde rural dans des campagnes désertées, maintenant que les urbains regroupent 80% de la population ?

Comme le font Allemagne et Hollande, on sent bien venir la multiplication des fermes industrielles aux mille vaches, dont les salariés sont des travailleurs détachés, qui constituent également la main d’œuvre des abattoirs compétitifs. Produire plus de produits industriels, vendre à bas coût. Le lait, qui apportait aux éleveurs le chèque mensuel rassurant, alors que la récolte annuelle des agriculteurs polyvalents peut être si précaire (un agriculteur ne touche que 40 revenus dans sa vie, avec le risque que 4 ou 5 reflètent des calamités climatiques). Et en sus, à chaque installation, on rachète l’outil de travail à crédit ! Le lait (et le porc) se vendent en-dessous du prix de revient…paradoxe, la fin des quotas laitiers crée plus d’offre que de demande : la PAC ne contrôle plus rien : le prix s’effondre, l’agriculteur fait faillite !

Au même moment, nous vivons dans la nostalgie de l’exploitation familiale produisant le foie gras et le porc noir de nos grand-mères, de haut standing, mais comment être rentable quand la part consacrée  à l’alimentation a baissé devant la priorité que constitue l’automobile ; puis la téléphonie ; enfin le logement des urbains ?

J’ai regardé les programmes des uns et des autres. Les Anglais sont en train (en assumant le BREXIT) de refuser les aides de la PAC, qui permettaient de compenser pour leurs agriculteurs des prix mondiaux très faibles, destinés à ce que le consommateur bénéficie lui-même de prix bas. Comment vont faire les Anglais, sauf à demander une fois encore une exception ? Chez nous le total de la PAC s'élève à dix milliards, même pas suffisants pour éviter le suicide de nombre de ceux qui tombent en faillite, puisqu'elle va toujours majoritairement aux grandes cultures céréalières.

Je lis dans les programmes les mêmes mots-clé qu’il y a 43 ans quand René Dumont proposait une alternative durable aux agricultures françaises.

Vous allez me dire que je vieillis, et deviens grognon

Qui après José Bové et Dédé Pochon porte aujourd’hui le discours de circonstance ?

Où sont les "Agro-sans-frontières" ?

Que dit le Chargé de l’Agriculture de l’Union européenne, dont personne ne connait plus le nom ?

Nous, la France, lui demandons-nous quelque chose ?

J’ai du mal à suivre


Je crains de ne pas être seul dans cette situation !



l'agriculture et la révolution numérique : un thème transversal