vendredi 21 octobre 2016

Retour du SIANE (1)

c’est un salon…


…de la machine-outil (intelligente)

Drôle d’idée me direz-vous de visiter un salon…de la machine-outil ! Quelle stupéfaction : partout des tapis rouges. Messieurs bien habillés. Dames (décoratives) en talons hauts. Stands étincelants : les machines sont à l’honneur, et quelles machines : propres, pas une goutte de graisse ni d’huile. Pas de vapeur, de fumée. Tout est silencieux, électrique, informatisé : j’apprends qu’il n’existe plus trois axes, x, y et z, ça c’était avant. Maintenant chaque axe voit la possibilité d’une rotation de l’objet, ce qui fait deux axes de plus fois trois = 6 axes en tout. Mais avec cinq axes seulement, la machine-robot fait déjà le tour de l’objet produit qui peut être très complexe, d'une précision inouïe. Elle ne récrimine pas la machine : réglée, elle tourne 24/24, sans bruit, sans vacances, il lui suffit qu'on la programe bien et surtout...qu'on  l'aime !


















René qui m’emmène a conçu il y a trente ans des pompes qui, écoutez-moi bien, créent une pression de 4000 bars ! On n’a pas idée de ce que cela représente sauf à se rappeler que les pneus d’une voiture sont gonflés à 2,5 Kg. Là c’est 4000 ! Alors les boulons en inox sont énormes. Des vitres protègent de l’éclatement. Supposons de l’on gonfle de l’eau sous cette énorme pression, le jet qui va sortir par la buse va couper littéralement tout matériau que l’on met dessous : de la tôle d’acier ; de l’aluminium pour créer un engrenage parfait... ou une simple peau de cuir.

Ce qui est amusant, c’est que l’on se sert d’énormes clés à molettes pour visser la buse, avec une telle pression, il ne faudrait pas qu’elle se détache !

















Chez Phénix, Jean-Paul G. a reçu une commande de Karl Lagerfeld… oui ! Vous savez, Channel ! Le test consiste à demander (informatiquement) à la machine de découper des trous millimétriques dans du cuir raffiné, pour y former les fameuses lettres C H A N ...etc…

Le résultat est probant : la prochaine peau Channel sera ainsi découpée, avec dessous une autre peau d’un cuir de couleur contrastée. De petites mains avec des cutters ne pourraient être aussi précises et encore moins aussi rapides !





ceci est un secret industriel, j'espère ne pas contrarier Karl !

Ailleurs, c’est un robot doseur qui remplit les alvéoles d’un coffret de beauté, pour y glisser précisément les couleurs qui permettront aux belles d’ombrer de bleu leurs paupières (ténébreuses) !

une coffret de fard Channel avec son miroir se fait remplir par un robot-doseur

Je  vais vous livrer un secret : ici on fabrique les machines, pour les usines qui vont s’équiper de ces mêmes machines pour créer des objets. Le chic est de produire le plus de machines possibles, le moins cher possibles, pour faire une marge suffisante pour payer le prix de revient, les salaires, les taxes, et tout et tout. Donc je vais faire fabriquer le bâti (vous voyez je m'identifie)(c’est casse-pied le bâti) par mes amis chinois. Je leur demande par email, avec des plans et plein de photos. Le lendemain, la fabrication est lancée, aux prix chinois. Quelques photos après, le bâti (les bâtis assez pour remplir un container) est rangé dans un container. Un mois après, et pour 2000 Euros, le container arrive à Marseille par le canal de Suez. Quelques jours après, (on comprend pourquoi les autoroutes sont remplies de camions), les bâtis arrivent dans la banlieue de Toulouse. La banlieue est préférable à la Ville où l’on ne peut plus circuler, les taxes foncières deviennent insupportables, c’est la revanche du rural, où il n'y aura bientôt plus de paysans d'ailleurs puisqu'ils ne peuvent plus faire face à leurs charges, (tant pis, on importera depuis la Chine).



Sur place, on câble, on pose l’électronique, on programme l’informatique, et on achève la machine devenue intelligente. Mettons que le bâti vous revienne en tout à 20.000 transport inclus. Vous le revendez 30.000 fini. Vous avez ainsi payé vos charges et faites une marge suffisante pour vivre. Si les mécaniciens restent indispensables, le facteur clé de succès, c’est l’informaticien, devenu incontournable : voilà pourquoi il va rester le seul salarié des nouvelles usines sans ouvriers puisque vous avez compris...

...ils sont restés en Chine !

Il suffirait qu’ils se mettent à l’informatique :

ils finiraient la machine eux-mêmes !

on espère qu'ils ne vont pas y penser !

chez Omax, ils découpent des machaons dans du plexi !


un robot araignée
je compte sur l'industrie du futur pour nous créer

les papillons disparus


la suite....