dimanche 19 juin 2016

Un carnet inédit de Van Gogh

Les Arlésiens connaissent l’histoire de « Prenez garde à la peinture » : un Arlésien fouille son grenier, attrape le morceau de carton qui bouche une lucarne, le retourne, et se découvre en train de tenir un tableau de Van Gogh, sans doute donné par le peintre au propriétaire de l’époque en échange d’on ne sait quel logement.

L’histoire recommence depuis quelques heures, avec la découverte par Bernard Comment d’un carnet inédit, contenant une dizaine de dessins de la période d’Arles. Evidemment, on n’en saura pas davantage avant le 16 novembre 2016, date de la sortie du livre chez le Seuil : on nous dira j’imagine qui sont les découvreurs peut-être arlésiens. Et on verra les dessins, sans aucun doute ?

j'ai eu beau chercher : on n'en saura pas davantage avant le 16 novembre prochain !

En cherchant je tombe sur une info vieille d’un an : Van Gogh et Gauguin réunis sur une photo : c’est  Jérôme Dupuis qui publie la nouvelle le 30/04/2015 : nous sommes rue Blanche, vers décembre 1887. De gauche à droite: Arnold Koning, Emile Bernard, Vincent van Gogh, André Antoine, Félix Jobbé-Duval, et Paul Gauguin. C'est un document exceptionnel,  la première fois que les deux artistes géniaux apparaissent sur le même cliché.


Vincent  est le troisième en partant de la gauche, pipe à la main. Détail piquant: il a posé sur la table (au premier plan, devant la bouteille) son fameux chapeau en poil de lapin, avec lequel il se représente dans deux célèbres autoportraits (où il montre aussi son oreille coupée).





















Paul Gauguin, lui, est assis à l'extrême-droite. Il porte un "bragou berr", pantalon bouffant traditionnel de la région de Pont-Aven, où il a séjourné en 1886. A la date où a été pris ce mélanotype -image au collodion sur carton, de 9 centimètres sur 11 environ-, il rentre tout juste d'un voyage au Panama.


Serge Plantureux commente le cliché !  Il aurait été pris dans la cour du 96, rue Blanche, à Paris, où André Antoine avait invité de jeunes artistes à exposer dans son Théâtre-Libre. Van Gogh présente d'ailleurs un tableau lors de cet accrochage : je l'ai retrouvé, ce sont deux couples square Saint-Pierre.



Sont également présents sur la photographie: Emile Bernard (deuxième en partant de la gauche, avec la barbichette), peintre qui avait rencontré Gauguin à Pont-Aven l'année précédente; Félix Armand Jobbé-Duval (deuxième en partant de la droite), artiste breton proche de Gauguin lui-aussi; André Antoine, debout au centre; et Arnold Koning, ami des frères Van Gogh (à l'extrême-gauche, avec la casquette).


Tous ces personnages étaient à Paris en ce mois de décembre 1887. Van Gogh ne partira qu'en février 1888 en Arles, avec les tragiques conséquences que l'on sait: la violente dispute avec Gauguin, menacé d'un rasoir, avant que le génie hollandais ne se tranche l'oreille. Cette scène terrible aura lieu en décembre 1888, soit exactement un an après que la photographie de la rue Blanche aurait été prise. La chute est que toute chose a un prix : j’ignore celui auquel a été vendu le cliché, estimé le 19 juin 2015 à 150.000 Euros à Bruxelles.

On ignore tous combien vaudra le carnet d’inédits de dessins de Van Gogh, surtout qu’on n’en sait pas le format. Pour le moment, l’idée est que le Seuil le vende sous forme de livre d’Art en exclusivité mondiale. Puis cette publicité assurée, que Sotheby ou autre le vende lors d’une enchère mémorable. Je souhaite beaucoup de bonheurs aux propriétaires.


Je promets d’acheter le bouquin !


PS : la dernière fois qu'un inédit de Van Gogh a été découvert :