lundi 13 juin 2016

Portus convenae (7)

Notre réflexion sur Valcabrère nous a ramené à l'origine romaine de Lugdunum convenae, la ville romaine entre Espagne et Atlantique qui est la nôtre : c'est sur ses ruines et avec des parties réemployées des vestiges romains abandonnés par les Francs qu'a été reconstituée la basilique de Valcabrère. Bon !

Il fallait bien des blocs de pierre. Il fallait bien des blocs de marbre, des colonnes. Une partie venait de Saint-Béat. La route ? La distance est très grande. Le fleuve ? De tous temps encore récemment la Garonne servait au transport de troncs de pins assemblés en radeaux, comme le pratiquent toujours nos amis espagnols. Plus aisé d'y transporter de lourdes charges, à condition de pouvoir embarquer à Saint-Béat. Et de débarquer à Saint-Bertrand : il fallait bien un port.

Comment s'y prendrait-on aujourd'hui ? On édifie un petit barrage sur le fleuve (comme quand on crée un moulin, les Romains savaient faire cela) pour créer un plan d'eau, aux lieux et place du parcours torrentiel d'origine. On affermit le talus du côté opportun, (donc la rive gauche), en créant des épis. Les radeaux peuvent y accoster. Des voies routières prennent le relais des charges amenées à terre par chariots en remontant vers le Sud. Il faut entre les deux un système de grues en bois avec des poulies, et aussi des louves, (vous savez maintenant à quoi ressemble cet outil oublié).


Le Rhône nous a habitués en Camargue à ses grandes dérivations : en 2000 ans, il s'en passe, des choses ! Nous savons identifier les bras fossiles désaffectés, reconnaissables par leur dénivelée. Ici, les bras qui desservent les moulins survivants nous présentent des traces comparables.

Or les vestiges, du portus sont visibles : étonnants puisque à l'intérieur des terres, accrochés à des talus assez vifs, vestiges des épis de la berge rive gauche : en voici les restes romains, monumentaux, perchés, loin du fleuve vraisemblablement, a-t-il changé de cours.

aujourd'hui, la Garonne a dérivé au Nord, si on fouillait ce champ ?


la Garonne dans le dos, nous accostons sur l'ancienne berge Rive Gauche

sacré talus, on accoste à l'Est où l'on rejoint le chemin vers St-Bertrand

Comment devrait se présenter le cours romain pour que les estacades reviennent en eau ?

la voiture est garée au croisement au centre, la rive ancienne est à gauche bordée par la rangée d'arbres
à gauche la rive romaine : on distingue faiblement les vestiges des épis maçonnés
à l'amont la prise du Moulin des Moines emprunte l'ancien tracé :
la Garonne passait au Sud pour rejoindre son cours actuel à Borde de Garonne

elle empruntait le canal d'alimentation actuel du Moulin Capitou
un petit barrage devait permettre de remplir un bras élargi pour recevoir les radeaux ?


Hypothèse d'emplacement du port sur la Garonne coulant le long du talus Sud
cette suggestion implique un enfoncement de près de 10 mètres du lit de la Garonne en 2000 ans
par érosion régressive

A l'origine du Vieux Lyon, il y a un port romain. Niché sur une berge de la Saône, à la hauteur de l'actuel quartier Saint-Georges, il accueille quelques habitants de Lugdunum, (le même nom !) avant d'être massivement investi au Moyen Age. 

Ce constat est devenu définitif... en octobre 2003, quand des archéologues assistent à un petit miracle : lors du creusement d'un parking, ils découvrent des objets antiques à la pelle, et surtout seize embarcations en bon état, dont six ont passé 1 800 ans sous l'eau ! 

-« Ces épaves sont des sources documentaires exceptionnelles, car aucun écrit ne retrace l'activité le long de la Saône dans l'Antiquité », s'enthousiasme Grégoire Ayala, responsable des fouilles archéologiques, précédant la construction du parking Saint-Georges (5e). Place Benoît-Crépu, à 10 mètres sous terre, les archéologues découvrent six chalands gallo-romains en bois d'environ 30 tonnes et 15 mètres de long.

Ces embarcations et des pontons témoignent pour la première fois de l'existence d'un port antique. Voilà la « plaque tournante » d'échanges par voie fluviale, « le grand centre commercial et d'affaires romain », décrit par le géographe grec Strabon. Depuis la construction du métro dans les années 1980, les archéologues ont ainsi retrouvé dans la Saône des faïences d'Espagne, des vases et du soufre italiens, du marbre d'Egypte, des denrées de base importées de la Méditerranée (vin, huile, poisson, fruits...), des statuaires, et des milliers de fragments d'amphores. Une mine d'or composée de rejets de cargaison.

-« Le port servait aussi de dépotoir, les habitants amassant les déchets pour mieux protéger la berge mouvante de la Saône », explique Grégoire Ayala. Parallèlement, l'île Saint-Jean, reliant la colline à la Presqu'Ile, devient un lieu d'accostage pour les embarcations. Un lieu investi à la fin de l'empire romain par le pouvoir religieux, lequel, au début du Moyen Age, prend les affaires en main dans le Vieux Lyon...

Alors...notre port comblé aujourd'hui par dix mètres d'alluvions...? 

Quelques barges enterrées dessous ?

cela donne vraiment envie d'envoyer sur place une pelle mécanique ?


Une autre manière de voir :

Ce sont des radeliers : au village de  Burgui, se déroule chaque année, fin avril - début mai, "El dia del almadia"... C'est la journée du "radelage", l'une des traditions populaires les plus fréquentées de la Navarre, qui commémore le temps où le bois été transporté par flottage depuis la Vallée de Roncal jusqu'à Saragosse. La descente se fait sur des radeaux rudimentaires construits avec des troncs de bois, dirigés par les "almadieros" tout au long des six kilomètres qui séparent l'ermitage de la Virgen del Camino du pont médiéval de Burgui. Durant la descente, les almadieros sont parés par les vêtements de travail traditionnels,  en particulier les "espalderos" faits en peau de chèvre, pour se protéger du froid. Le passage du barrage situé juste avant le pont médiéval de Burgui est particulièrement spectaculaire et attire chaque année une foule considérable.


Peut-on transporter des blocs de marbre sur ce genre de radeaux ?
pas évident, quasi pas de ligne de flottaison !


Voilà un transport de troncs, en 1935.
Alors...des colonnes romaines ?


Epilogue :

Nous avons retrouvé la chèvre. Avons ré-implanté Valcabrère. Retrouvé l'origine de la mise en scène pour les pélerins de Compostelle, du sarcophage de Just irradiant des ondes positives. Autrefois nous avions longuement visité Tibiran pour retrouver le génie des hydrauliciens romains créant de toutes pièces un puits artésien pour alimenter la ville romaine en eau potable. Nous avons retrouvé à la fois le port et l'enfoncement spectaculaire de la Garonne depuis 2000 ans.

pas mal comme redécouverte de Lugdunum convenarum ?

personne aujourd'hui ne présente ce contexte global

dommage car il s'agit d'un des sites romains les plus complets qui soit


Il paraitrait que les campagnes d'investigation vont reprendre ? 

Il reste plein de merveilles à mettre au jour !



ainsi que l'aqueduc de Tibiran : http://babone5go.blogspot.fr/2011/01/omnes-sitientes.html
                                                   http://babone5go2.blogspot.fr/search?q=tibiran
                                                   http://babone5go2.blogspot.fr/2014/09/tibiran.html
                                                      http://babone5go2.blogspot.fr/2015/03/premieres-fleurs-du-printemps.html

Saint-Bertrand et les fouilles
http://babone5go2.blogspot.fr/2014/09/le-trophee-augusteen.html