dimanche 28 février 2016

Sait-on encore parler d’agriculture ?

mais qui sait encore...

...parler aux agriculteurs ?

Fracture agricole : une poignée de paysans, de plus en plus seuls, immergée dans les campagnes. Des lobies multiples pratiquant l’intensification, aidés par la PAC, mélangés à des producteurs intensifs de porcs intégrés, mélangés à des viticulteurs (dont les plus célèbres sont Chinois) et vivent au Château. 

Mélangés à de petits maraîchers pratiquant la vente directe sur les marchés locaux. Des épouses qui pratiquent l’élevage intensif de volailles pondant leurs œufs à la chaîne ; d’autres épouses vivant de l’élevage de leurs poules gambadant en plein air. Des éleveurs du Cantal.

Des milliers de fermes traditionnelles, produisant du lait, sans quotas depuis que la liberté de produire a été laissée aux producteurs de lait mondiaux, pilotés par les new-zélandais….Des arboriculteurs concurrencés par leurs homologues espagnols.

C’est ça l’agriculture française

Les agricultures devait-on dire.

En même temps, la libéralisation de l’Europe l’a amenée d’abord à supprimer la préférence communautaire. On a oublié. Puis à supprimer les instruments mis en place pendant des dizaines d’années pour palier la fluctuation des cours, liés aux années de surproduction, succédant à des années de disette climatique.


Paradoxe : la population mondiale croit toujours, et les prix (à la production) sont tirés vers le bas à cause de la surproduction alimentaire, exportée de par le monde à grand coups d’avions et de cargos. Vous observerez que pendant ce temps là les soviétiques sont privés de pommes et de porc français : on se tire là une belle balle dans le pied : plus de Mistral(s) (on se les garde), plus de produits alimentaires (on se les garde aussi).

Ultime paradoxe : si certaines filières sont assez organisées pour tirer les prix vers le haut, voyez comme le prix du vin se maintient et monte peu à peu (difficile de trouver un très bon vin en dessous dix Euros), le lait est bradé au producteur (27 centimes le litre), alors que le consommateur continue de le payer un Euro ;  le jambon 6,5 Euros le kg quand il n ’est même pas payé 1 Euro au producteur.  Pareil pour le pain. 

–« c’est la faute des distributeurs » avoue le Président !

Comme la politique agricole se détermine à Bruxelles sur un fond de politique mondiale, on dirait que la France n’y est plus représentée, ne sait plus discuter, ne sait plus se défendre….ah si la politique agricole française devenait celle de l’Angleterre, certainement qu’elle serait plus âprement défendue ?


J’ai écouté attentivement les arguments du Président lors de l’ouverture du salon de l’agriculture : pas terrible, est-il informé de ce qui se débat à Bruxelles ? Y prend-il part ? 

A-t-il un plan, une stratégie ?

J’écoute mes pairs du CGAAER : pas très convaincants non plus.

Qui reste-t-il d’initié pour parler de tout cela : Henri Nallet qui vient de commenter l'ambiance sur Europe connait bien son dossier. Qui d’autre : le Ministre ? Le Porte-parole du gouvernement ? Faut-il aller rechercher Edgar Pisani ? ou bien Bruno Lemaire ? Tant qu'à faire je préfère les arguments déployés par Sarkozy dans son dernier livre ! Au moins lui, était combatif dans les crises !



ne reste plus, dirait-on, que José Bové !

...à avoir les arguments nécessaires…

…on le dirait presque écoeuré !

Il n’ira pas au Salon

…moi non plus !

on vous explique tranquillement que la cessation des quotas laitiers a fichu le bazar

mais pourquoi a-t-on laissé faire ?