mardi 3 novembre 2015

Piérides (12)

(les papillons dans la peinture : 12)

pour vous préparer avant d’évoquer Psyché !

La mythologie grecque est infiniment compliquée : nous avons en mémoire les neuf muses, et je vous en ai abondamment parlé. Figurez-vous qu’en face (ah la concurrence !) existaient neuf Piérides ! Neuf filles du roi de Macédoine Pieros (traduit en Piéride) et de sa femme Evippé. Crime de lèse majesté, les parents donnent à leurs filles les mêmes prénoms que les neuf Muses ! Jalouses apparemment des Muses, et très (trop) imbues d'elles-mêmes, elles ne supportent pas la cohabitation. Elles s’attaquent aux neuf Muses, les neuf filles de Zeus et de Mnémosyne, vivant sur le mont Hélicon. Arbitres : Dionysos, Apollon et Minerve.

Arrive ce qui doit arriver : les Muses triomphent ! Dans le tableau de Rosso Fiorentino (Florence, 1494-Fontainebleau, 1540, tableau conservé au Louvre évidemment) : « Le Défi des Piérides », on voit au centre, sur une colline-piédestal, Apollon, avec à sa gauche Athéna, ordonner la métamorphose des Piérides-déshabillées (je n'en compte que huit en bas ?) en oiseaux. Les muses, habillées, ont davantage de classe ! A droite d'Apollon, Dionysos, vaincu, est représenté de dos.


Quand on dit oiseaux, il y a notamment des « pies », (qui jacassent en permanence pour ne rien dire, comme le geai ; le faucon ; le canard etc…) ce qu’explique très bien Ovide dans les Métamorphoses (5, 662-678) :

conantesque loqui et magno clamore proteruas
intentare manus,
pennas exire per ungues
adspexere suos,
operiri bracchia plumis,
alteraque alterius rigido concrescere rostro
ora uidet uolucresque nouas accedere siluis.

Tandis qu'elles cherchent à parler et à tendre effrontément les mains,
en poussant de grands cris, elles aperçoivent que des plumes
sortent de leurs ongles, et que leurs bras aussi se couvrent de plumes ;
l'une voit le visage de sa compagne s'accroître d'un bec rigide
et des oiseaux d'un genre nouveau se diriger vers les forêts.



























Quand il s’agit de nommer les papillons, les considérations de l’époque privilégient les papillons dits « nobles » : les blancs, couleur de la royauté ! ! Les Equites de Linné, nos Papilio avec, en tête, l'Apollon, puis les grands porteurs de queue comme le Machaon et le Flambé, mais juste ensuite les Blancs, c'est-à-dire ceux dont les ailes vont du blanc à l'orange, et sont globalement de couleur uniforme. En 1804, Latreille place les "grands porteurs de queue" dans le groupe Papilio, et n'inclut dans le groupe Pieris que les Blancs, les Jaunes et les Oranges, soit nos Pieridae.

Type spécifique : Pieris brassicae (selon Latreille1810).

Ce genre est désigné par les anglo-saxons comme the Whites.

Il comporte en France six espèces :

Pieris brassicae (Linnaeus, 1758)
Pieris rapae (Linnaeus, 1758)
Pieris mannii (Mayer, 1851)
Pieris ergane (Geyer, [1828])
Pieris bryoniae (Hübner, [1800])
Pieris napi (Linnaeus, 1758)


Merci !

merci Jean-Yves Cordier encore une fois !




Van Gogh contribuera à l'illustration des piérides avec deux tableaux :