dimanche 12 juillet 2015

Cloitre (à déménager)(3)

alors on le démonte ?

C’est une histoire vieille comme l’humanité : les peuples adorent s’approprier les objets. On peut même les acheter, au marché, aux enchères, ou chez un antiquaire. La France achète la Vénus de Milo. En toute légalité. Je ne dirais pas qu’elle abuse l’agriculteur qui découvre l’objet : elle l’indemnise (en drachmes)(1). Plusieurs années après, la Grèce regrette cette perte (inestimable) de son patrimoine. Mais vu l’argent qu’elle nous doit, on la conserve en garantie, tout est bien qui finit bien. Pareil pour le buste de Néfertiti. Pareil pour les antiquités chinoises achetées par Yves St Laurent et Pierre Bergé, qu’il rend (avec quelle classe) au peuple chinois pour orner un beau musée. C’est pareil à tous les échelons de l’humanité, quand la plaque funéraire originale de la Villa de Nymfus se retrouve à Toulouse (qui l’a dûment payée), alors qu’à Valentine (le pays d’origine) on n’a qu’un moulage en plâtre à montrer (à Toulouse la plaque est cachée dans le noir du sous-sol du musée st-Raymond les toulousains se préoccupant peu de ce qui n’est pas à eux).

C’est comme ça, les antiquités se baladent en  toute légalité, la seule façon de s’y opposer est de préempter, ce qui suppose une forte volonté (et l’argent pour payer, comme cela vient d’arriver à notre chapiteau, voir plus haut).

C’est donc en toute légalité que Saint-Gaudens, (la ville aux deux Leclerc, un en activité et l’autre entièrement vidé mais quand-même payé), dispose de deux cloitres : celui en propre de la Collégiale (dont quelques chapiteaux sont moulés). Et le cloitre remonté, quand celui de Bonnefont était démonté. Ce cloitre orne depuis quelques années le jardin d’hiver, et pour montrer qu’on était motivés, au lieu du lavabo destiné aux moines (pour se laver les pieds), nous on a creusé un lac pour que le cloitre puisse se mirer. C’est beau sur les photos.

je me suis arrangé pour tenter de cacher tous les accessoires colorés
qui sont tout à côté

Bien difficile de photographier, car tout autour se sont accumulés poubelles ; jardins d’enfants aux couleurs vives (car les enfants pour repérer les couleurs doivent avoir en face de leurs jeunes yeux  les couleurs de base quasi fluo sinon ils ne verraient rien). Mâts bleus de l’éclairage public. Mâts en bois patiné de l’électricité. Immeubles divers de toutes époques.

Au centre, pour ne pas se tromper, les municipalités qui nous ont précédé ont un magnolia planté (je prose en rimes je ne puis m’en empêcher). In fine, comme il est « nature », il ne va pas si mal à ce qui devrait être l’emplacement du lavabo, en eau (par la source de Bonnefont) alimenté.




Bref, le challenge comme disent nos amis anglais, va consister à trouver un très-très-gros déménageur. Je sais déjà où scier les chapiteaux pour ne rien abîmer. Il faut les pierres numéroter, démonter, transporter et remonter, j’ai assez déménagé pour vous dire que ça n’est pas aussi difficile que ça.


Avec l’intercommunalité voisine (et amie cela va mieux en le disant) il va falloir négocier, pour qu’ils nous offrent un dédommagement honorable.

Dans cette affaire, garder l’honneur est essentiel !

Celui qui pourrait son chapeau manger, mais il est décédé, c’est l’apôtre du Comminges, épithète qui traduit bien un humour du troisième degré (au moins), si l’on considère que son buste est face à l’Ecole Sainte-Thérèse (mais à côté du buste de Marianne, j’y ai veillé), et que ce cloitre transplanté était une friandise qu’il avait adorée, lui qui bouffait toute la journée du curé (enfin il parait !)

J’ai retrouvé la carte postale qui montre le jardin avant la transplantation, au fond on n’a pas besoin d’un cloitre entouré de tas de trucs qui le dénaturent :

qu’on valorise celui qu’on a déjà !

à gauche l'adorable local de la CGT, le monument aux morts a été déplacé

le cloitre ne manque absolument pas, le buste d'Azémar  l'a avantageusement remplacé


je connais quelques statues dont je vous ai parlé


qui remises en place feraient tout oublier



qu’il revienne là ...

... où les moines de Citeaux l'avaient érigé !


(1)               Le buste de la statue est mis au jour le 8 avril 1820 à Milos, une île de la mer Égée, faisant alors partie de l'Empire ottoman, par un paysan nommé Yorgos Kentrotas à la recherche de pierres pour bâtir un mur autour de son champ. Par hasard, un élève officier de marine français, Olivier Voutier, assiste à la découverte. Passionné par l'archéologie, alors une discipline récente, il incite le paysan à continuer de creuser. Apparaissent alors la partie inférieure de la statue et quelques fragments appartenant de toute évidence à la statue, comme le nœud du chignon. En l'état, le buste n'a déjà plus ses bras, comme en témoigne le dessin exécuté sur place par Voutier. Celui-ci prévient Louis Brest, vice-consul de France à Milo, pendant que le paysan, poursuivant sur sa lancée, met au jour d’autres fragments, dont deux piliers hermaïques, deux blocs inscrits, qui seront ensuite rejoints par un troisième, une main mutilée tenant un fruit (mais d’un travail trop rudimentaire pour appartenir à la statue et des morceaux de bras.

Voutier fait alors pression sur le consul pour que l'État français achète la statue. De son côté, Jules Dumont d'Urville, alors enseigne du vaisseau La Chevrette, dirigé par le capitaine et hydrographe Pierre-Henry Gauttier du Parc, a également vu la statue et alerte le marquis de Rivière, ambassadeur de France auprès de la Sublime Porte. Celui-ci dépêche sur place un secrétaire d'ambassade, le comte de Marcellus, qui arrive en rade de Milo au moment où la statue est en train d'embarquer sur un navire à destination de Constantinople pour le compte d'un haut dignitaire turc.

Au terme de tractations diverses, la statue est achetée en septembre 1820 pour le compte du marquis de Rivière, et ramenée en France en pleine propriété. Durant son voyage, la statue fera escale au Château d'Audour, à Dompierre-les-Ormes dans la propriété du comte de Marcellus.

Le marquis de Rivière la fera offrir au roi Louis XVIII le 1er mars 1821, qui en fait aussitôt don au musée du Louvre. Comme toute œuvre endommagée, la Vénus entre dans l'atelier de restauration du musée afin de subir l'examen minutieux de son restaurateur en chef Bernard Lange. La rigueur d’analyse de ce dernier le conduit à écarter de ses projets de restauration toute conception fantaisiste. Il pense ainsi retrouver le mouvement initial de bras de la Vénus et envisage de recréer les parties manquantes selon les préceptes de restauration en vigueur à cette époque. Contre toute attente, mais avec l’appui du roi, il est finalement décidé de la présenter dans l'état où elle a été trouvée, sans ajout ou complément. Les seules restaurations sont celles de l'extrémité du nez, de la lèvre inférieure, du gros orteil du pied droit et de quelques raccords dans l'épaisseur de la draperie.




il y a des détails très sympa,

dont cette branche d'olivier


indispensable pour garantir la paix !
bizarre ? notre cloitre est constitué de 3 côtés, avec des multiples de 4 arcades et pas de 3 ? ?

en tout 16, alors que sur la longueur, on en voit ici  12 ?

reste 4 sur un seul côté, où sont donc les autres ? ?

ou encore, cet "essai" n'est pas réussi ?