samedi 18 juillet 2015

Bonus fons Bonnefont (4)


retour aux sources

 en hommage à la SEDC 

qui m’a ouvert les yeux

(je ne plaisante plus, je suis sérieux !)

Je suis comme l’aveugle dans le noir, je patauge et me cogne partout, défonçant même les portes ouvertes….jusqu’à ce mon sort (d’amateur) apitoie Germain Monfort, « mon Président », érudit membre (voire davantage puisqu’il est également auteur) de la Société d’Etudes du Comminges, honorable Société locale dirigée par René Souriac, et qui fête ses  131 ans (puisque son premier Président Julien Sacaze a débuté son magistère en 1884). Surprise de lire les noms des past-présidents : nombre de de Lassus … Georges Fouet (1969-1993) ; Gérard Rivère (1993-1998), lui qui Préside l’Amicale de la Collégiale ! 

C’est lui le spécialiste des chapiteaux romans !


Premier réflexe quand on entame une recherche : dresser la bibliographie de ceux qui avant vous ont trouvé, ne pas recommencer, et si on continue, le faire avec une plus-value. Je promets !

Ce billet est donc un remerciement sincère au cadeau que me fait la SEDC : l’édition 2010, bel ouvrage cartonné, 291 pages, des textes et des photos, synthèse des publications sur l’Abbaye Cistercienne de Bonnefont en Comminges. Puisque j’ai pris de bonnes résolutions, la référence : tome CXXVI-2010/1.ISSN 0035-1059.

Vous allez avoir du lourd, du condensé, des sources sûres, l’histoire qui nous est racontée étant plus étonnante que tout ce je pouvais imaginer !


Comme j’adore les histoires vraies, qui ressemblent à des contes de fées, je considère que des Français, animés par la passion, ont récemment engagé trois chantiers d’exception : la reconstruction de l’Hermione, l’affaire est faite. La reconstruction du château fort médiéval de Guédelon, (D955 89520 TREIGNY) date de 1995, il y a 20 ans. Elle constitue un engagement exceptionnel pour la réinsertion : reconstruire un château fort avec les techniques de l’époque, et avec des salariés de l’équipe Emeraude.

Le troisième est la reconstruction de Bonus fons, engagé à la même époque : le défi, reconstruire une Abbaye cistercienne, à une époque lézardée par le doute moral ; les crises financières ; l’embarras pour les Etats que constitue la nécessaire insertion des populations sans emploi, sans compter l’accueil nécessaire des migrants du monde entier qui frappent aux grilles, avant qu’on les entasse dans des camps pour mieux les refouler.

Pour vous donner le ton, je vais commencer par le milieu, mauvaise habitude je le concède, je trouve l'article page 99 d’Edmond Duméril et Pierre Lespinasse, nous sommes à la veille de la guerre de 14, mais l’article ne sera publié qu’en 1926. Le ton est désabusé !

« Souvenir par souvenir, pierre par pierre, Bonnefont (la bonne fontaine) s’enfonce chaque jour davantage dans les ténèbres du passé. Epargnée par la Révolution qui se borna à quelques grattages et quelques mutilations de sculptures, elle a vu peu à peu ses trésors dispersés par la négligence unie à l’appât du lucre. Elle a servi de carrière de pierre à bâtir, puis de mine à sculptures pour toute la région, en attendant que celle-ci, oublieuse de son passé, le renie et le vende à des étrangers. Ce fut un de ces pitoyables marchés, conclu par un propriétaire déjà riche, qui fit germer en nous l’idée de réunir les fragments épars, qui témoignent encore de la splendeur architecturale de Bonnefont, de l’abbaye aux trois cents colonnes… »




Je découvre dans la publication, le jeu de piste surprenant auquel l’amateur (celui qui aime) est convié : des bouts parfois, des morceaux entiers souvent, existent un peu partout : étonnant comme des maçons ont démonté, transporté, et remonté, des pans entiers, des chapiteaux, qu’on transporte dans une brouette, on comprend. Des façades entières, démontées et remontées avec la même facilité, « c’est avec un étonnement toujours nouveau que nous avons constaté la rapidité avec laquelle s’accomplit l’œuvre de destruction matérielle, et s’effacent les souvenirs dans l’esprit des hommes. En soixante ans, Bonnefont qui existait depuis près de sept siècles a disparu presque entièrement ».

Page 88 ces vers d’Autran

Sur tes flancs, vénérable pierre,
Des caractères effacés,
A travers un réseau de lierre,
Fixent et troublent ma paupière…
Que disent-ils ? Ah ! Je le sais…
Ils disent qu’ici bas succombe
Tout ce qui fut puissant un jour ;
Qu’au cercueil l’homme en poudre tombe,
Et que le marbre de la tombe
Disparait lui-même à son tour !

Je vous ai montré des images de la rénovation en cours. Comme un jeu de piste, je découvre certains des morceaux entiers dispersés.

que ferait-on sans les cartes postales Delcampe !
Je vous ai parlé du cloitre. En réalité, quand il a été démonté, c’était pour re-construire, au rez de chaussée, la maison Déaddé. Celle du maire, mandat : 1860-65. Une construction sur piliers en quelque sorte, des piliers parfois renforcés, soutenant les étages supérieurs. Comme le cloitre rectangulaire incluait une couverture du lavabo central, deux des piliers étaient spéciaux : pour soutenir de chaque côté la voute en ogives du cloitre, mais sur un troisième côté perpendiculaire, l’appendice central permettant d’accéder à l’abri du lavabo. Un de ces piliers a effectivement été repéré quand la maison Déaddé a été à son tour démontée, devenue entre temps l’ancien hôtel des Postes, remplacé par la Poste Art Déco d’aujourd’hui.

C’est  après cette démolition que l’essentiel des colonnes et chapiteaux récupérés ont été remontés dans l’ancien jardin d’hiver où ils sont aujourd’hui ; Ne pas s’étonner donc qu’il manque des piliers, et que le rectangle d’origine ne soit pas respecté. Lors du retour à la case départ, il faudra recréer des piliers ; rajouter des colonnes, poser dessus des chapiteaux, dans la catégorie de ceux qui ont été disséminés.

Après les ultimes repérages, la chasse va devoir commencer !

Donc à Saint-Gaudens a existé la maison Déaddé. Mais pas que ! Les entrepreneurs de matériaux ont été efficients décidément, et a existé une époque où, plutôt que se faire construire une maison Phénix préfabriquée, il était chic de se faire reconstituer un bout de Bonnefont.

Comme la maison Defos, dont par hasard je vous avais parlé


Naturellement, j’y suis retourné !

Page 98, la description officielle dit : « une porte cintrée à plusieurs tores, retombant sur des faisceaux de colonnettes, et au-dessus, une croisée à meneaux du XVè siècle, ont aussi été apportées de Bonnefont et rétablies intactes »

il y a deux portails en calcaire jaune de Nankin
c'est celui de gauche
















je vous présente Bonus fons !



Il m’est arrivé de rencontrer dans une vie antérieure Jean-Claude Danis, nous faisant visiter Toulouse, capitale mystique : devant l’arc de la cathédrale Saint-Etienne, il nous montrait la voie lactée, symbolisée par les sculptures, entourant l'arc de la porte, aboutissant dans l’image de canis la constellation du chien, canis représentant Sirius, donnant son nom à la canicule des chaudes journées d’été. Vous savez naturellement que la voie lactée était dans le ciel l'image du chemin vers Saint-Jacques de Compostelle sur terre.


















le canis donnant canicula a malheureusement été érodé par l'Entreprise
pourtant choisie par la DRAC, nous ici on nettoie à l'éponge et l'huile de coude
Ici, ce sont les serpents représentant les ondulations du zodiaque, qu’ont sculpté les moines. Et de chaque côté, la voie lactée aboutit bien dans la gueule du chien-canis.





 

Je n’ai pas trouvé cette interprétation dans la revue :

Je demande de l’aide : je vous promets de détailler les autres portes

disséminées ça et là

Prochaine visite : à Touille (avec un T)


Surtout, ne riez pas !

dès fois que je retrouve une seconde voie lactée ?


portail remonté à Saint-Martory
la photo noir et blanc est peu lisible

je retourne sur place après !