vendredi 23 janvier 2015

L’école bretonne (15)

 Les femmes de GAD

Aujourd’hui notre Ministre Macron se rend chez Gad dans le Finistère, pour s’excuser d’avoir accusé d’illettrées les bretonnes affectées aux chaines d’abattage.

Dans son monde de la finance épargné des contingences des gens «normaux», il n’a pas pris conscience de sa bourde tant sociologique qu’historique. Comme il parait sympa, il va sur place (au risque de se faire engueuler) pour s’excuser, et renouer le dialogue. Les employées au chômage vont rester au chômage, mais un peu d’humanité va j’espère passer entre le monde d’en bas, et celui d’en haut.


Je dédie au Ministre ce tableau de Richard Hall, l’école des petites filles justement, dans un hangar agricole du Finistère. Ce tableau est exposé au Musée des beaux-Arts de Rennes. Il présente d’une certaine manière l'école républicaine en Bretagne. Et l’enseignement pour tous dans la France rurale sous la IIIe République. On a changé de République, nous sommes à la 3ème. Je me sens très concerné, puisque c’est là-bas que j’ai reçu mes palmes académiques, et que la tradition familiale continue en quelque sorte.


Au XIXe siècle, la Bretagne est encore largement déficitaire en écoles et connaît un retard dans l’alphabétisation de sa population. A nouveau, je tente d’illustrer pour vous l’Histoire, c’était au 19è, nous sommes au 21ème, deux siècles plus tard !  La loi Falloux de 1850 avait obligé les communes de plus de 800 habitants à ouvrir une école de filles, ce qui avait permis le développement des écoles religieuses tout en consolidant la place du clergé dans l’enseignement.

En rendant l’école primaire obligatoire, laïque et gratuite, les lois de Jules Ferry de 1881-1882, votées au début de la IIIe République, intensifient cet effort de scolarisation tout en contrant l’influence de l’Eglise. Toutefois le manque de locaux adaptés et un certain souci d’économie contraignent les mairies à dispenser cet enseignement dans des endroits improvisés, comme ici dans une grange. Cette pénurie permet à la Bretagne d’être l’une des premières à bénéficier du décret de 1881 sur la création des écoles de hameaux, mais l’obligation de les fréquenter ne sera effective que dans les années 1920.

Jean Geoffroy 1889


Quand on a vu ça, 

on comprend un peu mieux l’amertume des femmes de GAD