mardi 20 janvier 2015

Charlie ? MAIS (13)

Je suis Charlie, mais…


…ça y est : les restrictions arrivent.

 C’est bien d’être Charlie, mais… !

J’offense mon frère en mangeant du porc. J’offense mon autre frère en représentant le Prophète. Nos jeunes filles offensent nos sœurs en montrant leurs jambes. Elles s’exhibent dans les piscines, c’est offensant. Reconnaissez ! Toutes ces femmes dans les magazines !  Et cette manière d’éduquer nos enfants, de les amener à réfléchir par eux-mêmes, est bien compliquée et peu compréhensible. La libre expression ? Mais elle s’arrête là où elle blesse mon frère : voilà la seconde partie de notre devise : la fraternité ! La liberté c’est bien, mais elle doit intégrer la fraternité pour ne pas blesser l’autre. Même le Pape s’en mêle, qui –« promet un coup de boule à son frère si ce dernier dit du mal de sa mère » ! Un peu de violence physique est bien naturel. « Naturel » n’est pas le mot : « humain » !  Pardon votre Sainteté, vous avez déconné.

























Il faut faire comme aux Etats-Unis : on modère son expression. N’allez surtout pas dire que je me censure. Toujours les grands mots ! Non : « je suis le gardien de mon frère ». Je modère mes critiques pour ne pas lui faire du tort. Je ne le blesse pas. Et quand il me demande de modifier mon mode de vie pour adopter le sien, je tends (comment ai-je appris au catéchisme ?) je tends la joue gauche.
In fine, je pardonne.

Heureusement que Jamel Debbouze, qui pratique l’humour et l’autodérision sans modération, annonce sans restrictions : -« la France est ma mère. Si on dit du mal de la France, on insulte ma mère ».


En tous cas l’avis est unanime, aucune fausse note dans l’évaluation de notre Président : il a magnifiquement géré le tout, sa remontée dans les sondages est fantastique : il nous protège, il est la République de Daumier ! On l’aime, on va le réélire, la question des primaires à gauche a volé en éclats ! Il assume, il assure, il rassure.














Oublié le chômage (à peine 100.000 de plus prévus en 2015). Oubliée l’insécurité puisque l’armée est dans la rue. Oubliée la diminution du nombre de nos militaires puisqu’IL va en ralentir la diminution. Oubliées les contraintes de l’immigration ? Oubliée la dette de l’assurance chômage dont le déficit se creuse de manière affolante. Oubliée la dette tout court qui atteint 2032 milliards. Oubliée la Grèce qui vote dimanche ?

Il va falloir tenir bon dans ce choc des civilisations. Hier j’ai trouvé la solution technique pour finir le livre de Chancel « Pourquoi partir » ? Pas de problème : départ du train 12H01 (il était légèrement en retard comme d’habitude, pourquoi ne pas entériner le départ à 12H11 ?). Retour 16H53 par le direct Hendaye. Quasi cinq heures pour lire, sauf à déduire l’intervention du dentiste, qui m’a fait rebasculer du (bon) côté des « avec-dents ». 

Page 248 du bouquin : « La parole des simples est généreuse, le discours des prophètes dangereux. Les fanatiques gouverneront le monde si la majorité pacifique n’a pas réagi, par des mots violents, avant qu’il ne soit trop tard. La passivité est un crime. L’indifférence entretient le massacre. Il conviendrait d’inscrire en majuscules cette réflexion d’Albert Einstein :

Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal

Mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire

Il ajoute (Chancel) : « Depuis toujours, j’ai dans mes carnets cette exemplaire constatation faite par je ne sais qui :

« Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste. Quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas juif, quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas catholique. Quand ils sont venus me chercher, Il n’y avait plus personne pour protester. »


« La parole peut être une arme. Elle est bien plus éloquente que le silence qui est toujours coupable ».