mardi 27 janvier 2015

9 décembre 1905 (19)

 C'est la séparation ... de l'Eglise, et de l'Etat

Musée Jean-Jaurès






































A l’orée du siècle, les relations de la France avec le Saint-Siège s’enveniment du fait de la politique anticléricale menée par Emile Combes et de l’intransigeance du nouveau pape Pie X. Le 29 juillet 1904, le gouvernement décide de rompre les relations diplomatiques avec le Vatican. Dès lors, la voie est ouverte à la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Il s’agit en fait d’une revendication ancienne (et essentielle) des républicains dont l’anticléricalisme s’apparentait à une " foi laïque ", rationaliste et positiviste, en partie issue des Lumières. On voit l'inspirateur, il est au Ciel : c'est Voltaire ! Le progrès, la science, l’éducation doivent faire reculer l’ignorance, l’obscurantisme et la superstition. Le pouvoir civil doit donc soumettre le pouvoir religieux et l’exclure de la vie politique et de la société.



L’évocation de la loi de Séparation des Églises et de l’État entraîne souvent la mise au singulier du mot Églises. Inexacte quant au droit, l’erreur est juste sur le fond : la loi achève un processus qui, depuis l’arrivée des Républicains au pouvoir (1879), vise à réduire le poids de l’Église catholique dans la société. Protestants et juifs acceptent sans heurt d’être détachés de l’État, malgré une certaine crainte de perdre la protection due au statut de culte reconnu. Mais pour les catholiques, la Séparation est un drame : la fin d’une alliance de 1400 ans entre la France et l’Église (baptême de Clovis, 496) ; le retour à la déchristianisation révolutionnaire.

Nos amis musulmans ne sont pas cités, pas présents.


Pourtant, la Séparation est en germe dès 1801 quand, préservant la liberté de conscience proclamée en 1789, le Concordat déclare le catholicisme seulement “ religion de la grande majorité des Français ”. La coexistence des croyances, la libre expression de l’anticléricalisme et de l’athéisme, la laïcisation de la vie et de l’enseignement publics y préparent les esprits. 

Pour libérer l'Église, quelques catholiques la souhaitent : dès la Restauration, l’abbé Félicité de Lamennais ; sous la Monarchie de Juillet, Mgr Affre, archevêque de Paris. À l’inverse, des anticléricaux, comme Léon Gambetta, la redoutent par peur de perdre le contrôle d’une Église encore puissante. Mais l’opposition intellectuelle entre l’Église et la “ modernité ” (Syllabus, 1865) et l'alliance d’une frange importante du catholicisme français avec la monarchie l’imposent aux Républicains, même si Léon XIII invite les fidèles à dissocier intérêts de l'Église et forme du gouvernement (encyclique Au milieu des sollicitudes, 1892).