jeudi 4 décembre 2014

Ligona water mills (3)


Va savoir pourquoi, je tombe sur une description de l’ile de Lesbos, qu’on écrit aussi bien Lesvos. Oui, c’est la célèbre ile de Sapho ! Je pense de suite à la Sapho de Pradier, au Musée d’Orsay, plus facile de l’admirer ici qu’à Lesbos !

L'île a une superficie de 1632 km², avec 320 kilomètres de littoral, ce qui en fait la troisième plus grande île grecque. Mais elle est située dans le nord-est de la mer Égée : il faut donc s’y rendre par avion, aéroport de Mytilène !  Elle compte deux vastes baies intérieures, le golfe de Lera au sud-est et le golfe de Kalloni au sud-ouest.

Lesbos est montagneuse avec deux hauts sommets, le mont Lepetymnos (968 m) et le fameux mont Olympe (967 m) qui dominent au nord et au centre de l'île. Son origine volcanique se manifeste par la présence de plusieurs sources chaudes.


L'île est verdoyante, justifiant son appellation île d'émeraude, avec une flore d'une grande variété. Les onze millions d'oliviers ainsi que d'autres arbres fruitiers couvrent 40 % de l'île. Les forêts de pins méditerranéens, de châtaigniers et de chênes en occupent 20 %. Le reste est occupé par des broussailles, des garrigues et des paysages urbains. Forcément il y a des moutons et la tortue d’Europe, protégée. Dans la partie ouest de l'île se trouve la deuxième plus grande forêt pétrifiée de séquoias, après celle du parc national de Petrified Forest.














L'économie de l'ile est essentiellement agricole. L'huile d'olive est la principale source de revenu, avant que le tourisme s'en mêle.

Je m’intéresse à un tout autre domaine : comment les anciens, dans ces contrées sèches et remplies de cailloux, utilisaient-ils les énergies accessibles : éolienne ou hydraulique, pour broyer le grain, facilitant ainsi l’alimentation des populations ?


Je tombe sur la Ligona valley (puisque les Grecs s’adressent aux touristes en anglais), pour m’apercevoir qu’il existait, là-bas, des moulins qu’auraient très bien pu créer les Romains !

Les pierres sèches sont présentes partout. Les habitants les utilisent pour  construire des murs ; des maisons. Pas si difficile de construire les murs d’un moulin. En Crète, voici le principe, très simple : à l’intérieur, des engrenages sommaires de bois font tourner des meules. Voilà un moteur assez facilement construit. La technologie n’a pas évolué depuis 2000 ans !



Pareil pour le moulin à eau : il suffit d’une chute. Mieux, on va faire passer l’eau en pression dans une conduite, enrobée dans une espèce d’escalier de pierres sèches.  A l’aval, une roue à aubes de bois est construite comme une roue de char avec des pales plus larges : voilà une turbine. Plus tard en utilisant le fer on créera une roue Pelton : poussée par un jet sous pression, la voilà qui tourne, entraînant une meule de pierre qui pourtant frotte dur !

C’est tout proche de la petite ville de Pétra sur la côte, dans les montagnes de Pétri remplies de cailloux, que coule la rivière Ligona. Les habitants ont  dérivé les eaux dans de petits canaux en hauteur sur des terrasses. Et ont construit des cheminées de 15 mètres dans lesquelles ils faisaient s’engouffrer les eaux. En contre-bas, des roues, et voilà de petits moulins très efficaces.

l'eau canalisée arrive en haut ; passe en force dans la conduite bloquée par l'escalier de pierre, et
est turbinée dans le local en bas. Des chemins empierrés en zig-zag permettent de relier les moulins entre eux


Dans la vallée Ligona on trouve encore aujourd’hui  les ruines de 17 moulins à eau du 19ème siècle, la dernière phase de l'histoire de l'énergie de l'eau. Les moulins font partie de l'histoire médiévale et moderne de la région et sont une part intégrante de l'histoire économique et sociale locale. Ces moulins ont été utilisés principalement pour moudre le grain dans les domaines de Petra Stipsi, Vafeios, Lafiona et Petri. Ces moulins sont le vestige d’une activité économique importante exercée par un groupe social tout entier : meuniers, laboureurs, muletiers, etc.






















Aujourd’hui,  il n'y a qu'un seul moulin encore en activité à Lesvos, Mylelia (sur la route de Polychnitos à Mytilène). Là, on broie encore du grain à la manière traditionnelle, entre les grandes meules, et la boutique vend une large gamme de produits à base de farine dont naturellement des pâtes et une variété d'autres produits de l'île : olives, confitures de fruits et sauces tomate. La patronne est connectée, et je l’ai trouvée sur Linkedin : c’est Christina Panteleimonitis, il suffit de lui passer commande !





les iles autour peuvent être encore plus belles qu'en Bretagne !