lundi 13 octobre 2014

Ouvrons les yeux


Ce cher Jack !


Jack Lang n'a jamais quitté le ministère de la Culture. Ils sont une dizaine, pourtant, à lui avoir succédé rue de Valois depuis la fin de son dernier mandat en 1993, mais sa grande silhouette hante toujours les lieux. « On n'a pas fait mieux depuis, on lui doit tout », entend-on souvent à son sujet dans le petit milieu de la culture. Les « années Lang » (1981-1986, puis 1988-1993) sont des années mythiques, comme en témoignent ses divers faits d'armes : création des FRAC, du CNAP, de grands conservatoires et des centres chorégraphiques nationaux, réalisation des Grands Travaux (pyramide du Louvre, Opéra Bastille, BnF) et commandes de mobilier à de jeunes designers, loi sur l'archéologie préventive, invention des Fêtes de la Musique et du Cinéma, rénovation des musées de région, prix unique du livre... Une action proprement pharaonique qui n'aurait pas été possible sans le soutien indéfectible du président de la République François Mitterrand, et surtout sans l'augmentation exponentielle du budget de la Culture, passé de 2,6 milliards de francs en 1981, à 13,8 douze ans plus tard, pour atteindre le fameux 1 % symbolique du budget de l’État.


Dans son petit ouvrage Ouvrons les yeux !, Jack Lang ne manque pas de rappeler toutes ces indéniables avancées. Parmi les miracles de Saint Jack, la création des Journées du Patrimoine, dont on fête les trente ans cette année, a permis la sensibilisation de millions de Français aux monuments et édifices de leur région. Célébrant le patrimoine ancien qu'il a contribué à sauvegarder, le président de l'Institut du monde arabe enjoint ensuite le lecteur à « lever les yeux » sur son environnement immédiat, dénonçant les panneaux publicitaires et hangars que l'on a « parfois perdu l'habitude de voir ».
quels beaux containers, pour identifier les lieux de mémoire !

Il s'attaque même à « cette spécialité française qu'est la décoration de rond-point, art figuratif s'il en est, citant, bien documenté, une « soucoupe volante de douze mètres de diamètre emmenant trois cosmonautes chargés de Petit Lu, de fouace et de muscadet à La Haye-Fouassière, non loin de Nantes ». Plus loin, l'ancien ministre qui vit place des Vosges, à Paris, s'en prend aux « blocs de béton qui barrent le paysage », aux « cubes beiges des logements standardisés », ou encore aux « poubelles aux allures de préservatifs géants ».



« Mais voyons-nous seulement encore cette laideur qui nous entoure ? », s'indigne ce Stéphane Hessel de la Culture. Éblouis par nos prestigieux monuments, il semblerait, selon M. Lang, que nous ayons perdu toute exigence pour « nos espaces publics, nos transports, nos maisons, ces lieux qui sont notre quotidien ». Reconnaissant la nécessité de construire des logements à bas coûts, l'ancien ministre en déplore « la laideur, les matériaux bon marché et l'inadaptation à leur environnement », dénonce l'invasion de la publicité et son « mépris » envers les hommes plus encore qu'envers la pierre, cite les centre-villes qu'on saccage, les églises qu'on délaisse, les monuments qu'on bâche de logos.
un lieu sublime, pas loin de la célèbre grotte Chauvet, ancien site de papilio Thaïs...
...disparus depuis belle lurette ...Il faut bien mettre les ordures quelque part !

Jack Lang plaide pour la reconversion des bâtiments menacés, à l'exemple des Docks de Marseille, de la Halle Freyssinet à Paris, ou de l'Hôtel-Dieu de Lyon, désormais occupés par des entreprises.

Finalement, citant le modèle de William Morris et de l'Art Nouveau, il souhaite que le Beau retrouve sa place dans notre quotidien. Gageons que la toute nouvelle ministre de la Culture Fleur Pellerin aura bien pris note de ce programme ambitieux.



Depuis longtemps, dans la gazette des Arts, nous recherchions le Beau :

quest for beauty

nous ne l’avions pas attendu, Jack !

Le fait qu’il apporte sa (grosse) pierre à l’édifice est évidemment déterminant


Sans doute ne croit-il pas ... que "l'âme se nourrit de beauté" ?

Merci (quand-même) Jack !



http://babone5go2.blogspot.fr/search/label/Gazette%20des%20arts%20%282%29


chez Francis, une superbe paillote, ça sent bon Saint-Gaudens-Plage !