mardi 17 septembre 2013

Rêves de beauté


…ou rêve de beautés ?

« Désirs & volupté à l’époque victorienne » , du 13 septembre 2013 au 20 janvier 2014
158, bd Haussmann – 75008 Paris

Je lis le Figaro du week-end, des quantités de pages à lire pour 4,8 Euros, mais attendez ça s’explique : il y a dedans le journal ; le Figaro Magazine (138 pages) ; et le programme de télé de la semaine ! Et je tombe page 75 sur l’article de Paulin Césari, « ces obscurs objets féminins du désir, au musée Musée Jacquemart-André », exposition consacrée aux artistes britanniques de l’époque victorienne, et à leurs si jolies modèles. Cette fois-ci, j’ai mis modèles au féminin. Comme moi Fréderic Leighton est sensible aux nymphes : Crenaia, la nymphe de la rivière Dargle, une huile sur toile, pas si grande que cela : 76,8 x 27,2 cm.
 


En 1880, Fréderic Leighton, réalise ce tableau pour le vicomte Powerscourt, un aristocrate irlandais. Souhaitant probablement remercier le vicomte pour son hospitalité, Leighton (qui deviendra  first Baron Leighton, Sir Frederic Leighton) rend hommage aux terres de son hôte. Il en choisit l’élément le plus pittoresque, la rivière Dargle, qui jaillit non loin de là, entre Djouce et War Hill, sous la forme de la cascade Powerscourt, la plus haute chute d'eau d'Irlande avec 121 mètres le long d'une falaise formée autrefois par un glacier.  













Crenaia est bien la Nymphe de la rivière, son corps ne faisant qu’un avec l’élément aquatique. Ses voiles transparents semblent couler le long du corps de la jeune fille, leur drapé imitant l’eau des cascades, par leur bouillonnement et leurs effets de glacis transparents.
  


Leighton adapte la grande tradition du nu européen à un registre plus sensible. La position du modèle ainsi que le thème de l’eau rappellent le tableau : La Source d’Ingres, que le peintre français achève à l’époque où Leighton séjourne à Paris. Mais le nu est plus sensuel et piquant. La nymphe frissonnante aux yeux baissés replie les bras dans un geste en apparence pudique, qui met d’autant plus en valeur son mamelon rose.
  
Le visage et le corps de la jeune fille sont très reconnaissables. Il s’agit de Dorothy Dene, l’Antigone de cette exposition. Ses portraits photographiques ne démentent pas son joli minois et ses cheveux roux et courts. On dit là-bas : redhead !

 

















À la vue de ces beautés, on peine à comprendre pourquoi les tableaux de la période Victorienne furent un temps oubliés par le monde artistique, critiques et collectionneurs. Peu de périodes de l’histoire de la peinture ont en effet été si injustement méprisées, et cela pendant de longues décennies. Il faut attendre l’intérêt croissant de collectionneurs pionniers, comme Perez Simon, pour que des expositions d’envergure soient organisées à partir des années 1980.

en automne,

il y a toujours quelque chose à voir

A Paris

Dorothy Dene et Psyché