mercredi 10 juillet 2013

Inferno


Thomas est super : après avoir été intégré en première année de l’INSA de Toulouse, sur dossier et entretien oral ma foi fort réussi, il a obtenu mention très bien au bac, ainsi que la mention européenne sanctionnant un monologue en anglais de vingt minutes. S'il avait raté sa première entrée, cela aurait constitué un motif pour une seconde intégration. Bon, il va devenir toulousain ce qui n’est pas mal dans une ville devenue (en partie) anglo-saxonne grâce à Airbus, et devrait ainsi se préparer à vivre dans un monde nouveau et plein de problèmes à résoudre. En tous cas, il s’y prépare : il vient de me passer le livre  de Dan Brown « Inferno », comblant une grave lacune car si j’avais lu Da Vinci Code et Anges et Démons, j’avais zappé « Le symbole perdu » et donc « Inferno ». Lacune comblée aujourd’hui.

Entre parenthèses, ma thèse suivant laquelle les papillons disparaissent me paraît confirmée : 3 chenilles sur les fenouils de Thomas ont disparu, moi je n’en ai aucune sur les miens. J’ai entrevu quelques vanesses, quelques piérides, mais rien d’autre. La nourriture des chenilles disparaît ou est polluée, les adultes deviennent si rares qu’ils ne se reproduisent plus, les rares femelles ne pondent plus, plus de chenilles…etc… la population se raréfie très vite, puis disparaît. Je croise dans la descente vers Montrejeau le tracteur de la ville, un bidon jaune à l’arrière, un préposé municipal continue d’arroser les bas-côtés de produits chimiques destinés à brûler les mauvaises herbes : on adore dans les municipalités dépenser l’argent du contribuable et lui offrir des bas côtés nus, c’est plus propre que les herbes folles qui il est vrai font désordre. Les camions se succèdent, on est obligés de patienter dans les rond-points noirs de voitures, le fuel brûle à grande vitesse sous cette chaleur à tout va. Peut-on s’arrêter un jour de consommer ? La réponse est non.

En Indonésie, la forêt tropicale qui abritait mes chers Ornithoptères est arrachée, remplacée par des alignées de palmiers, dont la fameuse huile s’instille dans tous nos produits alimentaires, obligeant à une chasse permanente dans les grandes surfaces pour rejeter les aliments risquant de perturber notre taux de cholestérol et autres glycérides.

Il fallait Dan Brown pour oser nous montrer deux courbes : page 133 celle de la croissance de la population mondiale à travers l’histoire : asymptotique, de 1 milliard d’habitants en l’an 1500, nous sommes 7 aujourd’hui et 9 en 2050, année où les réserves de pétrole auront fondu. Il ose nous parler de Malthus, et du risque que cette croissance folle de la population fait peser sur les ressources naturelles...et la survie de l'humanité tout entière. Les critiques disent déjà de lui qu'il est "malthusien", grave péché évidemment.


Page 174, courbe consécutive : consommation d’eau ; de pétrole ; de papier ; déforestation ; extinction des espèces ; concentration de CO2 ; véhicules à moteurs…tout augmente à proportion, sonnant l’extinction définitive de mes chers papillons, mais pas que : les ressources naturelles également, les métaux rares (que les chinois ont réussi à s’accaparer, en même temps qu'ils collectionnent les terres arables encore disponibles)…l’eau potable…etc… !

En conclusion, Dan Brown ose une solution démoniaque, (c'est le cas de le dire !) celle du biologiste qui est son héros (un anti-héros) mais dont s’arrangent finalement les grands dirigeants du Monde, directrice de l'OMS en tête (c'est une superbe blonde argentée super sympa) bien obligés de faire avec la pandémie que l’on découvre in fine  s’imposant à tous comme le sida hier (le Grand biologiste est naturellement Suisse). Je vous laisse découvrir, c’est assez astucieux d’avoir inventé cette solution finale, cette Apocalypse cruelle et bouleversante.

En passant, la maxime du Livre est la suivante : « les endroits les plus sombres de l’Enfer sont réservés aux indécis qui restent neutres en temps de crise morale ».

Cela s’adresse à nos dirigeants bien sûr (qui partent pour des vacances bien méritées). Aux politiques (ceux qui se prétendent écologistes notamment ?). Aux scientifiques. A mes chers collègues ex-ingénieurs ou ingénieurs en fonction. Aux médias, tous obnubilés par l’audimat à court terme. Leur attitude est bien  humaine : celle du déni : le problème ? allons ! il n’existe pas ! Je les trouve bien indécis, en ces temps de crise morale. Je ne me retrouve pas non plus dans la thématique des catholiques « croissez et multipliez ». Qui donc s’intéresse à l'épuisement de nos ressources naturelles, qui signe inéluctablement la fin de notre civilisation ?

Comment vont donc  faire nos enfants et leurs enfants ?

Nos générations récentes auront été bien indécises

pour leur laisser résoudre seuls ce douloureux héritage :

Notre génération mérite l’Inferno !

Sandro Botticelli : la carte de l'enfer : il se présente comme un cône de 9 puits successifs, avec en bas la loge de
Satan croquant de ses trois têtes (copies de la Sainte-Trinité), les humains fautifs.
A propos, il y a un coin particulier pour les grands tricheurs,
Cahuzac ferait bien de re-lire Dante pendant ses congés !

(rassurez-vous, en réalité la courbe du chômage en France s'inverse dans à peine 6 mois,
et avec l'augmentation des tarifs d'EDF, on va enfin bénéficier d'un nucléaire tout propre !)