jeudi 9 mai 2013

Priorat


 
la place de Montblanc

Ici, c’est comme en Corse : autrefois, les habitants se réfugiaient en montagne, à 40 km de la mer. La mer était dangereuse à cause des risques d’invasion, des marais, des moustiques. La vie était plus rationnelle dans l’arrière-pays, car on y pratiquait l’élevage et l’agriculture méditerranéenne, faite de culture de l’olivier et de la vigne. Ce n’est que bien plus tard que la mer est devenue une source de richesse, avec la diffusion des bains de mer et le tourisme de masse.

« La terre du Priorat est comme un essaim de montagnes ; montagnes couleur de cuivre rouge, de cuivre rouge, d’or et d’argent, les unes ont la cime bleue, les autres la crête violette, et toutes ont des tache vertes où la vigne vit dans le calme », chante Salvador Estrem i Fa.
















Nous prenons la direction de Montblanc, ville fortifiée, avec sa belle église centrale, aux magnifiques sculptures. Je tombe sur le prêtre, qui me dit ne pas être évêque, son église n’ayant pas le statut de cathédrale, je ne puis donc l’appeler Monseigneur ! Nous le regrettons tous les deux ! Je tombe sur Joaquim Camps i Giralt, sculpteur, professeur à l’Escola Superior de Conservacio i Restauracio de Bens Culturals de Catalunya. Tel Michel Ange, avec son aide, il remonte les figures des saints qu’il vient de mouler en haut de la colonne torsadée devant l’église. Nous échangeons nos adresses car il pourrait me photographier le vitrail bleu de la Casa Heribert Pons. http://babone5go2.blogspot.fr/2012/10/el-martes-9-de-octubre.html

Le prêtre m'a nommé tous les saints, je n'ai retenu que San Jordi avec son armure


Direction le Priorat : terre de contrastes, tranquille avec son paysage typique d’agriculture sèche et sa géographie de montagne accidentée, elle cache son charme entre les vignes, les oliviers, les murs de pierre. C’est une terre d’AOC, et la vigne constitue sa principale richesse, vinifiée dans des caves coopératives qui au début du siècle ont adopté l’architecture de briques Art Nouveau (mais ici on dit modernista), comme à Falset. Nous traversons de petits villages accrochés à une crête, par les rues piétonnes en rasant les maisons, on se dirait en Corse.
 

Il y a eu dans ce pays des mines de plomb : à Bellmunt del Priorat ! Le minerai, connu des Romains, c’est le sulfure de plomb, la galène. Des feuilles de plomb recourbées sur elles-même, et puis soudées à chaud, ils constituaient des canalisations sous pression, transportant l’eau des sources aux fontaines. Comme tout maitre de forges, le patron s’est fait construire une maison modernista imposante, aujourd’hui abandonnée. Une galerie entourée de colonnes de plomb l’entoure, ça fait un peu blinb bling, mais ça, c’était : avant  !





Nous parcourons un coin splendide et préservé des atteintes du tourisme, rempli de terrasses plantées de vignes impeccablement taillées. Tiens, une maison romaine, elle n’a pas bougé depuis 2000 ans ! Tiens ? la route est coupée, la rivière la traverse : normalement je devrais rouler dans un gros 4x4 et passer à gué, mais avec mon utilitaire léger (écolo), je n’ose m’aventurer et nous faisons courageusement demi-tour. Déjeuner à Mora la Nova, nous trouvons enfin un bar avec terrasse, et nous rafraichissons de cervessas fresquissimas, avec des bocadillos de jamon iberico. Quel bonheur. Un peu plus loin, un petit autobus Chevrolet tout neuf est garé dans la vitrine de VolksWagen.




au printemps il y a de l'eau partout en Espagne !

















Il y a toujours un petit bus des années 1927

qui vous attend quelque part…

…dans les endroits les plus inattendus… !